Dix des meilleurs tatoueurs du monde s’affrontent pour remporter le titre de meilleur tatoueur.
Dans l’épisode précédent, les juges ont testé les tatoueurs sur les proportions, en leur faisant tatouer un monument emblématique du monde sur fond de la ville.. Une nouvelle fois, Erik s’est illustré grâce à son Kremlin, sur fond de la ville de Moscou.
« Tout est absolument parfait. Le Kremlin se détache parfaitement, et l’arrière plan, entre les ombres de la ville, et le ciel enneigé, est détaillé, saisissant, sans prendre le pas sur le Kremlin.
- Ton tatouage regorge de détails, parfaitement maîtrisés. Les proportions sont impeccables. C’est ce qui permet à ta perspective de marcher aussi bien.
- Les ombres n’alourdissent absolument pas le tatouage, et tu as su gérer ton espace négatif. C’est un tatouage qui vieillira bien. »
Mais trois autres tatoueurs n’ont pas sur convaincre le jury. Duncan.
« C’est très grossier. On reconnait à peine la Tour Eiffel. Ce pourrait très bien être n’importe quelle tour si on regarde de loin. Et quand je dis de loin, c’est juste à un mètre de distance.
- Elle est trop grosse, trop épaisse, et en plus, trop petite. Quand on pense à la Tour Eiffel, on voit une grande tour élégante, pas une masse informe. »
Josh, et son Empire State Building, nommé pire tatouage par Erik.
« Erik m’a nommé parce qu’il sait que je suis meilleur que lui. Mais je ne partirai pas. Aucune chance. »
« Josh n’a aucun talent, il va bien falloir qu’il s’en rende compte. Je vais lui donner un coup de pouce, j’ai pitié de lui. »
Et enfin, Lil’ dont le tatouage a été unanimement décrié par le jury des modèles, y compris son propre modèle.
« Je voulais la Tour de Londres, une grande tour, carrée. Pas une tour en losange ! Comment est ce qu’on peut prétendre être le meilleur tatoueur, et faire un losange à la place d’un carré ? »
Le jury a tranché, et Lil’ a été éliminée. Le retour de Josh a ouvert les hostilités entre lui et Erik.
« Je vais te virer de cette compétition, t’es rien qu’un connard prétentieux ! Les juges avaient adoré mon tatouage. Les juges te lèchent le cul, mais je m’en fous. Je vais te massacrer au prochain défi flash, et cette fois ci, tu ne prendras pas le putain de modèle le plus facile ! »
Mais au jeu de la provocation, Erik reste insensible, et l’a complètement ignoré.
« Je n’ai que faire du roquet qui aboie. Il n’y a qu’une chose qui compte. Nos tatouages. Hélas pour eux, aucun ne m’arrive à la cheville. »
Ils ne sont plus que quatre. Aux portes de la finale, la compétition est désormais sans pitié.
« Pour battre Erik, on a qu’une seule chance. Lui donner un modèle qu’il ne voudra pas tatouer à cause de sa connerie d’arrogance. »
Défi Flash
Les quatre derniers candidats, Duncan, Josh, Ikhar et Erik arrivent au studio. L’ambiance est lourde entre eux, surtout pour Duncan et Josh. Erik, à son habitude, semble se plaire dans une telle atmosphère. Son petit sourire en observant ses deux adversaires comploter contre lui ne laisse aucun doute. Il s’en amuse. Quand à Ikhar, il semble dans son monde, concentré, sans se soucier du reste. Ils furent accueillis sur place par Billy Nino et un homme aux longs cheveux noirs et au sourire sournois.
« Bienvenue. Vous n’êtes plus que quatre à vous affronter pour le titre de meilleur tatoueur, cent milles dollars, et un article dans un magazine de tatouage. Au cours des semaines précédentes, nous avons testé vos capacités sur les dimensions, les contrastes, les placements, l’espace négatif, la saturation des couleurs, la précision technique, votre adaptabilité, votre constance, les détails, et les proportions. Si vous êtes encore là maintenant, c’est que vous avez toutes ces capacités. Il est temps de nous le prouver. Et pour ce faire, vous vous affronterez sur un tatouage flash que vous avez créé, et qu’il vous faudra personnaliser. Vous serez jugez par moi-même, et par notre juge invité de cette semaine, Javier Katari ! »
« Javier est peut être le tatoueur le plus célèbre en Amérique du Sud. Il parait qu’il est complètement dérangé, et maintenant que je le vois, je veux bien y croire. Mais en tout cas, ses tatouages sont juste du tonnerre. Ils ont ce côté super réaliste, mais avec une touche fantastique, apportée par des codes d’autres styles. Je crois que ce mec peut tout tatouer. Il est surtout connu pour ses orchidées qui suintent du sang. »
« Depuis que j’ai gagné en popularité, il y a beaucoup de clients qui viennent me demander une orchidée ensanglantée. Ce qu’ils ne savent pas… Pas encore du moins… C’est que j’ai qu’un seul modèle. Mais je ne le tatoue jamais deux fois de la même façon. Je m’adapte aux autres tatouages de mon modèle, au placement qu’il désire, et à toutes sortes d’autres choses. Et ça ne prend pas plus de temps qu’un flash ordinaire.
- Pour cette épreuve, vous aurez deux heures pour tatouer un de vos tatouages flash, que vous présentez dans votre salon en temps ordinaire, mais en le personnalisant pour qu’il aille à votre modèle. Ce sont eux qui ont choisi leur tatouage, et avec, leur tatoueur. Il est temps pour vous de les découvrir. »
Quatre jeunes femmes entrèrent alors, pour faire face aux quatre candidats. Chacune portait un petit panneau avec le fameux tatouage qu’elles désiraient donc avoir. Billy invita alors les tatoueurs à retrouver leur modèle ainsi désignée. Duncan rejoignit une blonde à la plastique impeccable qui désirait se faire tatouer un papillon dans son dos, de sorte à qu’il rejoigne plusieurs autres dans une grande envolée. Ikhar avança vers une petite brune qui désirait couvrir son bras d’une nouvelle fleur. Josh grinça des dents, alors que sa modèle rousse lui expliqua qu’elle désirait le crâne qu’elle tenait avec un serpent en plus, sur son sein, pour rejoindre un autre serpent qui s’enroulait autour de son bras. Quand à Erik, il dut faire face à une jeune fille asiatique, qui désirait avec un oiseau compléter un tatouage représentant une branche en fleurs. Tous s’installèrent à leur atelier, en silence, jusqu’à ce que Billy Nino reprenne la parole.
« N’oubliez pas que nous voulons voir une maîtrise parfaite de chaque base technique que nous avons évaluée précédemment. Deux heures, c’est le temps moyen pour ces tatouages. Vous n’aurez pas le temps de parler à votre modèle cependant. Alors, à mon top. Prêt ? Tatouer ! »
Aussitôt, les quatre artistes firent se déshabiller puis s’allonger, sur le ventre ou sur le dos, leur modèle, pour déposer sur elles le tracé du tatouage original. Même s’il ne fallait faire exactement le même, c’était plus rapide ainsi. Ils n’avaient qu’à corriger rapidement quelques détails. Seul Erik se passa de cette étape. Il prépara directement ses couleurs, et se saisit de son dermographe.
« Erik va droit à la catastrophe, sans tracé préalable. Il croit quoi ? Qu’il peut dessiner, comme ça, en se foutant de tout ? Jamais vu un mec aussi arrogant, vraiment. Mais bon, en fait, je m’en fous. Qu’il se rate, qu’il se fasse descendre par les juges, comme ça, je lui prendrai la première place. »
Javier évoluait d’un pas dansant entre les différents tatoueurs, les observant faire, s’arrêtant parfois, mais sans jamais faire la moindre remarque. Il n’était pas du genre à aider les autres après tout. C’était à eux de comprendre ce que signifiait être un vrai artiste tatoueur. Mais jusqu’à arriver à Erik, il doutait franchement que l’un d’entre eux puisse marquer le monde et la peau de ses modèles de sa marque.
Erik était en avance sur les autres. Il avait déjà tracé la totalité de son motif, et ce tracé était impeccable. Javier reconnaissait sans problème le motif du flash, même si les lignes avaient été affinées. Sur le modèle, c’était des lignes pour un tatouage Old School, ou New School, mais évidemment, ce style jurerait avec le style japonnais de son modèle. Il hocha de la tête, alors que le russe appliquait un bleu pastel très épuré. Billy Nino, derrière lui, ne fut pas aussi muet que lui.
« Comment comptes-tu le faire ressortir du tatouage ? Du bleu et du vert, tout cela n’est pas très clair, de loin.
- Du rouge, simplement. Le poitrail, le bout des ailes.
- Pourquoi ces couleurs ?
- C’est de l’Old School de base. J’en garderais les couleurs, à défaut des lignes. Et puis, c’est une véritable tsundere. Le rouge, ce sont ses émotions. »
Il ne parla pas plus, pour lui, c’était une évidence. Le rouge, enfermé dans le bleu comme elle enfermait ses émotions au plus profond de son âme, jusqu’à ce qu’elle le libère. Jusqu’à ce que l’oiseau vole.
« Existe-il un oiseau affichant ces couleurs ?
- Qu’en sais-je ? Je suis artiste, pas zoologiste. »
Billy Nino s’en retourna vers les autres, laissant Erik sous l’œil attentif de Javier. Ce dernier gloussa rapidement, chuchotant d’une voix doucereuse.
« Je t’aime bien toi, mon chou. »
Erik ne lui prêta pas la moindre attention. Seul son tatouage comptait, et Javier –un brin vexé- finit par s’éloigner à son tour. Mais pour lui, c’était tout vu. Pas seulement le vainqueur de cette épreuve, mais aussi le vainqueur du concours.
« Le temps est écoulé. Posez vos dermographes s’il vous plait ! »
Les tatoueurs obéirent aux juges, avant de passer de la crème sur le tout nouveau tatouage de leur modèle. Ils s’assurèrent de bien le protéger, tout en leur donnant des consignes pour la suite. Bien sûr, ils étaient certainement déjà au courant de tout ceci, et l’équipe de l’émission ira encore le leur dire, mais tous quatre étaient des professionnels, et avaient pris cette habitude. Protéger la peau des clients était important.
Même Erik ne faisait pas exception à la règle. Après tout, si le modèle ne prenant pas garde, son précieux travail pourrait en pâtir.
Les quatre modèles s’alignèrent, pour montrer leur tatouage aux deux juges qui les examinèrent soigneusement. La rousse qu’avait tatoué Josh s’avança en première, un léger rouge aux joues. C’était une chose d'apparaître seins nus devant celui qui la tatouait, mais une autre d’exhiber ainsi sa poitrine devant six hommes. Elle ôta rapidement la serviette qui la protégeait, cachant son sein non tatoué, laissant bon gré mal gré ces douze yeux fixer l’autre.
« Ce placement n’est jamais simple, avec toutes ces courbes à respecter. Et il faut toujours penser à ce que le sein peut devenir. Si le modèle tombe enceinte, par exemple, il grossira, et cela peut déformer le tatouage. Le corps d’une femme est soumis à de nombreux changements, et en particulier la poitrine. Mais je trouve ce tatouage très réussi. Il suit parfaitement les courbes du modèle, et est très léger.
- Il y a beaucoup de peau nue, le tatouage va pouvoir respirer, et c’est bien, vu l’emplacement du tatouage.
- Mais le serpent est bien moins réussi.
- Oui, il casse les courbes, et manque de continuité avec le crâne. Et avec l’autre serpent qu’il devait rejoindre. On a plus l’impression de voir trois tatouages que un. »
La rouquine s’enveloppa à nouveau dans sa serviette, et recula d’un pas, tandis que la blonde s’avança. Elle se retourna, et laissa choir sa serviette, pour libérer son dos. Une nuée de papillons s’en élevait, et sur le côté, un papillon légèrement plus grand, les ailes grandes ouvertes.
« On ne dirait pas du tout que ce papillon s’envole avec les autres.
- Il est complètement intrus à tout le tatouage. Pourquoi ne l’as-tu pas dessiné comme les autres, sur le côté, les ailes légèrement repliées, en vol. On les voit tout aussi bien, tu n’aurais pas perdu en détail.
- Les lignes extérieures ne sont pas très claires. Quitte à perdre du temps en réalisant un calque, autant que celles-ci soient parfaites. Ou alors, était-ce parce que le temps te manquait ?
- Vu le peu de modification faites par rapport au tatouage original, tu n’aurais pas du avoir de problème de temps pourtant. »
C’est un Duncan au visage déformé par la colère qui croisa les bras, tentant désespérément de garder son self control, tandis que la blonde se reculait, l’air dépitée par ce tatouage. Il ne lui plaisait pas. C’est l’asiatique qui s’avança alors, dévoilant à son tour le dos, et son tatouage.
« C’est impressionnant, l’oiseau est parfaitement intégré au reste du tatouage. Il y a une unité de style, surtout dans les lignes. C’est du style japonais, aucun doute, malgré les couleurs très Old School.
- Le travail des lignes me sidère. On dirait vraiment que cet oiseau s’envole, la sensation de mouvement est impressionnante.
- Les détails sur les plumes sont ce qui me plait le plus cependant. Un excellent travail de bout en bout. »
Erik acquiesça. Comme s’il savait déjà que c’était cela qui serait dit par le jury. Même pas heureux des critiques positives du jury. Comme si elles étaient parfaitement normales, évidentes. L’asiatique s’en retourna, enchantée, et enfin, la brune s’avança, et tendis son bras.
« Une orchidée hum ? C’est un classique, les orchidées, et pour en tatouer beaucoup, je sais reconnaître lorsque j’en vois une exceptionnelle. Et là, c’est le cas. Elle est superbe en tous points. Les lignes sont fines, droites, sans accroc. Les couleurs intenses, il y a de la peau nue, ce qui est important sur une manchette complète, la peau doit respirer.
- Et qui plus est, le tatouage s’accorde bien avec les autres. J’aime particulièrement les entrelacs de feuilles et de tiges, que tu as su continuer avec énormément de précision, et de détails. Bon boulot. »
Ikhar les remercia, et les deux jurés s’éloignèrent pour délibérer quelques instants. S’ils n’avaient aucun doute quand au pire tatouage de l’épreuve, Duncan, ils peinaient à départager Erik et Ikhar. Ce fut Billy Nino qui eut le dernier mot.
« Le gagnant de cette épreuve est…. Ihkar. Si le tatouage d’Erik est vraiment tout autant réussi, nous avons trouvé qu’il y avait plus de difficultés dans celui d’Ihkar. Ihkar, félicitations. Tu pourras choisir les modèles de tes concurrents, et ce, aux portes de la finale. C’est un énorme avantage. »
« Y a pas grand-chose à dire, malgré que Duncan en soit particulièrement énervé. Ikhar a vraiment fait un travail de malade. Et puis franchement, c’est idéal qu’Erik n’ait pas cet avantage maintenant. C’est rare qu’il ne gagne pas une épreuve, alors, mieux vaut s’en réjouir. J’espère simplement que Ihkar se rendra enfin compte qu’il faut jouer stratégique, et qu’il mettra au fond Erik. Sinon, on est tous morts. »
Tatoue Live
A nouveau, les quatre candidats s’avancèrent dans le salon d’Ink Master. Ils y furent accueilli par les quatre juges, Billy Nino, Olivier Bécot, David de Navarre et Javier Katari, qui gardait cet étrange sourire aux lèvres.
« Bienvenue. Lors du Défi Flash, nous avons testé en plus de votre adaptabilité, toutes les compétences nécessaires pour devenir le Meilleur Tatoueur. Ce sera aussi le cas pour cette épreuve.
- Quand on tatoue des modèles déjà tatouées, le véritable défi est de lier les tatouages ensemble. Qu’il y ait une certaine continuité entre tous. Bon, ce n’est pas parce que le modèle affiche de très mauvais tatouages qu’il faut en faire de mauvais, hum… De plus, certains n’ont que quelques tatouages épars. Mais pour d’autres, cela est une absolue nécessité.
- Les modèles que vous aurez à tatouer aujourd’hui sont de ce genre. Il ne leur reste plus tellement de place, mais tous ont réservé un emplacement… Pour un portrait. »
« Quoi ? Un portrait ? C’est une blague ! On en a déjà fait un, et je sens que ce sera dans des emplacements pas possible. Je déteste faire des portraits. Ces juges veulent me virer, c’est obligé. Foi de Duncan, ça n’arrivera pas ! »
« Evidemment, ce ne seront pas de simples portraits. Ce seront des portraits fantaisistes.
- Un portrait fantaisiste est à mi chemin entre le portrait réaliste, et un autre style de tatouage. On doit reconnaître la personne sur le portrait, mais pour autant, celui-ci ne la représente pas telle qu’elle est sur une photo.
- On peut citer comme exemple Kennedy, version terminator, ou encore le président Obama, en maître de l’air.
- Vous partirez tous d’une photo pour réaliser votre tatouage, mais vous apporter au portrait les modifications exigées par vos modèles. Le portrait devra aller parfaitement avec le reste des tatouages de ceux-ci. Faisons les justement entrer. »
Trois hommes et une femme entrèrent à leur tour dans le salon. Ils s’alignèrent devant une table, sur laquelle reposait quatre crânes.
« Ikhar, tu as remporté l’épreuve du Défi Flash. C’est donc à toi de répartir les tatoueurs. Tu peux t’avancer. »
Le tatoueur et son chapeau haut de forme s’exécutèrent. Il interrogea d’abord un géant noir, certainement un ancien sportif vu sa carrure.
« Je voudrais le portrait de Jesse Owens, sur mes côtes. Pour moi, c’est un véritable super héros, et je veux vraiment qu’il apparaisse comme ça.
- Montre-moi tes tatouages déjà fait. »
Aussitôt, la mastodonte releva son T-shirt, dévoilant une fresque New School, à laquelle il manquait juste une dernière pièce. Un combattant. Un super héros. Ikhar hocha brièvement la tête, remarquant avec un petit sourire que l’autre super héros de cette fresque était en réalité Angela Davis.
« Ils combattent ensemble, n’est ce pas ? »
L’homme hocha de la tête, et Ihkar lui répondit de même. Derrière son sourire, il mesurait déjà la difficulté du tatouage. Les couleurs n’étaient jamais faciles à travailler sur peaux noires, et Erik n’en avait certainement pas l’habitude. Il a d’abord travaillé en Russie, avant d’aller au Japon. Dans ces deux pays là, il de devait pas avoir tatoué beaucoup de noirs. Les côtes sont toujours compliquées, même si jusque là, elles ne semblent pas avoir causées de problème majeur à Erik. En même temps, rien ne semblait lui avoir posé problème. Il secoua la tête. Comme il s’en doutait, il ne serait pas facile de trouver un tatouage que le russe ne pouvait pas faire. Et un qu’il ne voudrait pas faire. Il jeta un coup d’œil à Erik. Son visage n’exprimait rien qu’un morne ennuie. Comme toujours.
Le modèle suivant était une femme. Vu les tatouages qu’elle arborait sur ses bras, elle était passionnée par la mer et les pirates. Les vrais pirates. Pas ceux de One Piece ou de Disney.
« J’ai déjà une collection de portraits. C’tous des pourritures d’hommes politiques. Là, je veux Poutine. Je trouve que ???, ça lui irait très bien.
- Pourquoi tu veux te faire tatouer des personnes que tu n’aimes pas ?
- Les représenter ainsi, sur mon corps, c’est une de mes façons de protester. Ce tatouage, je compte bien l’exhiber à Moscou, pour une manif qui est en train de s’organiser…
- Poutine va adorer. »
Même la mention de son pays natal ne faisait pas bouger la poker face d’Erik. Ikhar observa encore les tatouages de la jeune femme, tous Old School, avant de passer au deuxième homme. Il était l’exact opposa du premier, au point que c’en était ridicule. Petit, fluet, blond aux yeux bleus. Un soupire franchit les lèvres d’Ihkar quand celui-ci lui annonça qu’il désirait avoir un portrait sur chaque main. Le premier avait été fait, et Elvira s’affichait, splendide, en poupée mécanique. Pour lui faire face, il souhaitait maintenant le portrait d’un obscur acteur version robot.
« J’adore l’horreur, et j’adore la science fiction, alors, je souhaitais assembler les deux ! Mais le gars qui a fait mon premier tatouage a eu un accident, et il ne peut pas faire le second. Pourtant, ils doivent aller parfaitement ensemble ! »
C’était un véritable défi. S’il donnait un tel tatouage à Josh ou à Duncan, c’était sûr qu’il partirait. Mais il n’arrivait pas à se dire que c’était la bonne chose à faire. Parce que recouvrir le dos des mains, c’est presque impossible. Il ne fallait absolument pas rater ce gamin, pour son propre bien. C’est ainsi que le choix du tatoueur idéal lui parut évident. Erik. Les autres ne pourraient même pas lui reprocher d’avoir donné au russe un modèle facile. Sur le corps du blond, il y avait un grand nombre de tatouages biomécaniques. Elles restaient encore pièces épars d’un tout. Mais celui-ci comptait vraiment se faire tatouer la plus grande partie de son corps.
« Ma… Bon courage pour tous tes tatouages. Et toi, que veux-tu ? »
Le dernier était légèrement typé, mais il ne savait pas vraiment d’où. Jusqu’à ce qu’il remarque, dans différents tatouages de style tribal quelques motifs apaches. Un descendant des natifs. Parmi ces lignes, se dressaient ci et là quelques autres tatouages, dans un style New School. L’Amérique. Les Etats-Unis. Pas mal.
« Le président Obama, en chef indien. »
L’idée le fit sourire, plus encore quand il vit la place réservée pour. La poitrine. Il s’en retourna alors vers la table, et commença à distribuer soigneusement chaque crane, avant de revenir, un petit sourire satisfait sur ses lèvres, vers ses quatre camarades.
« Ces tatouages sont tous extrêmement compliqués. Mais franchement, je préfère Obama. Le gars a une bonne peau, le tatouage n’a pas l’air si compliqué. Les trois autres seront vraiment des cauchemars. Et j’espère particulièrement qu’Erik aura le droit à l’autre fou qui veut un portrait sur sa main. Sérieux, c’est de la folie. Il n’y arrivera jamais. »
Le premier modèle souleva son crane, annonçant son tatoueur. Josh. Celui-ci leva brièvement la main. Comme Duncan, il aurait préféré avoir l’indien, mais il fallait bien se contenter de ce qu’on avait. Au moins, il n’héritait ni de la nana tordu, ni du biomécanique. La rouquine quand à elle, lu le nom d’Ikhar, qui lui fit un grand sourire. Apparemment, il aimait bien son idée. Quand le modèle désirant le portrait sur sa main retourna son crane, les deux tatoueurs restant retinrent leur souffle. L’un, parce qu’il le voulait. L’autre, parce qu’il n’en voulait surtout pas.
« Erik. »
« Je suis satisfait d’avoir ce tatouage. Au moins, ce n’est pas ce ridicule Obama indien…. Si j’étais tombé sur celui-ci, je me serais barré de suite. »
« Putain. J’ai vraiment eu peur, mais finalement, Ikhar ne s’est pas rangé du côté d’Erik. Sinon, j’aurais franchement pas supporté quoi. Il fait son malin, avec son petit sourire, mais il va pas tarder à déchanter, c’est obligé. »
Les tatoueurs rejoignirent leur modèle respectif, et chaque duo alla ainsi vers l’espace réservé du tatoueur. Ils avaient deux heures avec leur modèle pour parler en détails du tatouage, et ils savaient désormais qu’il n’y avait vraiment pas de temps à perdre. Les modèles étaient toujours très exigeants. Et ce tatouage devait leur permettre d’arriver en finale, après tout. Il devait vraiment être au top. Ils commencèrent rapidement à discuter, traçant quelques esquisses. Les juges n’intervenaient pas. Ils n’intervenaient jamais durant la conception.
« Montre-moi ta main. Je suppose que tu le sais, puisque tu en as sur ton autre main, mais ce sera très douloureux, et pourtant, tu ne devras absolument pas bouger. Sinon, mes lignes ne seront pas nettes. Tes os sont très marqués. Fais bouger tes doigts. Dans tous les sens. Hum, je vois. Voilà enfin un défi à ma hauteur. Hugo Weaving tu disais ? Version Matrix, ou Seigneur des Anneaux ?
- Je le préfère dans V pour Vendetta.
- Un bon point pour toi. »
Sur son ordinateur, Erik trouva rapidement une image de l’acteur. Il choisit de garder le masque, imprimant l’image, avant de trouver une image sans ce masque.
« La moitié de son visage sera recouvert par ce fameux masque, mais en version futuriste. Ce sera du métal. L’autre partie sera comme un robot à découvert. La plupart des gens ne reconnaîtront pas Hugo Weaving, et quelques connards te feront l’affront de parler d’Anonymous, mais on reconnaîtra bien V. Le côté humain sera gardé avec l’œil, et il gardera strictement la même forme de visage. Est-ce que ça te va ? »
Le jeune homme hocha de la tête, avant de regarder Erik dessiner. L’esquisse d’abord. Puis ajoutant des détails. Il devait faire attention à ne pas en faire de trop, et régulièrement, il fixait la main de son modèle. Il prêtait grande attention à la disposition de chacun de ses détails. Ils ne devaient pas devenir invisibles à cause des creux et des bosses que formaient les os de la main.
« Pourquoi tu veux Obama en chef indien ?
- Je suis du peuple Apache, mais je suis aussi américain. Depuis mes premiers tatouages, je veux que ces deux côtés de moi soient représentés sur ma peau. J’admire vraiment Obama. Pour moi, c’est le plus grand président qu’on ait jamais eu. Ma loyauté va au président Obama, alors, je veux me le faire tatouer. Mais en chef indien.
- Avant que j’aille dans les clichés, dis moi exactement comment tu veux que ce chef soit représenté. »
Adieu la grande coiffe de plumes, bonjour le collier de griffes. Suivant les traits d’une photo du président, Duncan commença lui aussi à dessiner, suivant les indications de son modèle quand aux attributs des chefs de son peuple.
« Jesse Owens, c’est cet afro-américain qui est devenu champion olympique quatre fois juste devant le nez d’Hitler, non ?
- Oui. Hitler ne lui a jamais remis sa médaille d’ailleurs, c’est un officiel du comité olympique qui du le faire au final.
- Et il représente quoi pour toi ?
- C’est pas seulement le gars qui fait rager Hitler tu vois. C’est aussi un des tous premiers athlètes afro-américains. Il représente le premier pas vers l’égalité dans le monde sportif entre les noirs et les blancs. L’histoire avec Hitler, c’est juste un point de plus à son histoire. Un point grandiose, certes. Parce que c’est toujours drôle d’humilier Hitler et les nazis.
- On peut en faire un Captain America, non ?
- Nan, c’est carrément pas ça putain. Jesse Owens, c’était un héros national d’une part, et de l’autre, un noir comme les autres, sans aucun droit civique. Je trouve que ça le rapproche plus des X-Mens.
- Je vois… »
Josh commença alors à esquisser, grâce à une photo prise sur internet, le sportif en plein envol, dans un saut en longueur. Ses habits de sportifs furent remplacés rapidement par la combinaison des X-Mens, et quelques esquisses de flammes sur les traces de ses pas vinrent rapidement.
« Pour donne du bon super héros, il faut des couleurs très puissantes. Ca sera le plus dur sur ton tatouage, car en plus, je dois bien caler tout ça sur ton tatouage actuel, que je devrais continuer. Six heures, c’est peu de temps, je n’aurais probablement pas le temps de mettre tous les détails possibles et imaginables, alors, dis moi s’il y a des choses qui te paraissent essentielles. »
Ikhar, quand à lui, riait énormément dans son coin, avec sa modèle. Il la trouvait drôle à souhait, et tous deux étaient sur une excellente dynamique. Edward Low, ou Capitaine Ned Low, était le pirate choisi. Un des pirates les plus sanguinaires de ce fameux âge d’or de la piraterie. Un maître de la torture.
« On ne savait pas vraiment à quoi ressemblait Law cependant.
- Pour le représenter, il faudrait déjà utiliser son Jolly Roger.
- Un squelette rouge sous fond noir.
- Yep. Après, un chapeau, un flingue, un sabre et un manteau.
- On va le prendre en buste je pense… »
Deux heures sont passées, et les tatoueurs doivent quitter leur modèle pour retourner dans leur loft. Tous les quatre n’ont encore qu’une esquisse. Ils auront du boulot ce soir, pour finir leur calque, et directement commencer à tatouer le lendemain. En croisant les doigts pour que le dessin plaise effectivement à leur modèle, autrement, ce serait une vraie catastrophe.
Le lendemain
A nouveau, ils entrent dans le studio. Pour l’un d’entre eux, c’est la dernière fois. Ils le savent tous les quatre, ils ne le savent que trop bien. En six heures, tout allait se jouer. En six heures, tout pouvait se passer. Il suffisait que son modèle ne supporte finalement pas, ou alors, qu’il n’aime pas le dessin final, qu’il décide de se barrer.
Ils ne perdirent pas de temps, et s’installèrent rapidement. Ils préparaient déjà leurs différentes couleurs lorsque leur modèles les rejoignirent, accompagnés des juges.
« Vous avez maintenant six heures pour tatouer votre modèle. Nous vous souhaitons bonne chance. »
Il n’eut même pas le temps de finir sa phrase que déjà, les quatre hommes commençaient, appliquant leur calque respectif sur leur modèle. Aucun d’entre eux n’avait objecté face à celui-ci, les tatoueurs avaient fait du bon boulot. C’est aussi ce que pouvait constater David et Olivier, alors qu’ils se promenaient entre les différents postes. Aucun tatoueur ne perdait de temps.
« C’est bien ce qu’ils nous font. C’est la première fois cette saison que les artistes commencent aussi rapidement leur tatouage, et heureusement pour eux. Même le plus petit tatouage, celui d’Erik, a besoin de ces six heures. On parle quand même de tatouer une zone remplie d’os et de nerf. »
En parlant d’Eric, celui-ci tenait fermement la main de son modèle, empêchant tout mouvement intempestif. Pour l’instant, celui-ci ne faisait que fortement grimacer. Mais bientôt, la douleur serait intenable. Quelle idée de se faire tatouer là. Il demanderait de faire des pauses, mais après chacune d’entre elle, la douleur sera plus forte encore. Pourtant, le visage d’Eric exprimait une sorte de joie sauvage. Rien ne semblait pouvoir l’inquiéter, et il tatouait avec une précision remarquable.
Non loin à côté de lui, des éclats de rire s’échappaient du coin d’Ikhar. Lui, il s’entendait particulièrement bien avec son modèle, et tandis qu’il tatouait, il échangeait nombre de blagues et d’anecdotes avec son modèle. Pour autant, il avançait vite, et sans bavure. Poutine pouvait déjà se reconnaître grâce aux contours de son visage.
Le temps avançait. Les modèles tenaient bon. Duncan et Josh furent les premiers à faire une courte pause, et à aller voir les tatouages des deux favoris de l’épreuve. Ils observèrent un moment, sans dire un mot. Puis repartirent.
« Ca ne leur ressemble pas, de pas ouvrir leur grande gueule. Mais c’est plutôt bon signe. Ils ont beau être cons comme des balais, et bien moins bons tatoueurs qu’Eric et moi, ils savent reconnaître quand un tatouage est juste magnifique. Cela dit, ça me donne très envie d’aller voir le tatouage d’Eric. »
« Ces deux là sont définitivement des monstres. Même si j’arrive jusqu’en finale, je suis pas sûr d’avoir une chance contre eux. Enfin, il faut au moins que je batte Josh. »
Deux heures après le début de l’épreuve, Ikhar se leva à son tour. Il ignora royalement Josh et Duncan, et leur tatouage. A peine du coin de l’œil avait-il remarqué que le super héros de Josh envoyaient du lourd. Les couleurs étaient magnifiques. Mais celui d’Erik surpassait de loin tout ce qu’il avait pu voir, et surtout, ce que lui-même avait fait.
« Putain. Ca déchire. »
Sur ces trois mots, il retourna vers son modèle. Il n’avait pas l’intention d’arrêter de se battre. Lui aussi, il pouvait faire un putain de truc.
« Dix. Neuf. Huit. Sept. Six. Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un. C’est terminé, on arrête de tatouer ! »
Les tatoueurs reposèrent leur démographe. Comme à leur habitude, ils passèrent la pommade pour protéger leurs œuvres. Les caméras se coupèrent. Quatre photographes s’avancèrent, pour prendre en photo les tatouages. Pendant ce temps, les quatre concurrents purent aller à une table pour se servir du café. Ils ne parlaient pas. Ils ne parlaient jamais.
L’Élimination
Ils étaient de retour dans leur studio. Chacun pensif. Le jugement arriverait bientôt. Erik fumait. Ikhar dessinait. Josh boxait un sac. Duncan buttait des aliens sur un jeu vidéo. Un homme entra, ils le saluèrent de la tête, se levèrent, et le suivirent. Dans une salle. La salle de la dernière élimination.
« Chers tatoueurs, bonsoir. Au cours de la semaine, nous avons testé non seulement votre adaptabilité, mais aussi, tous les autres skill qu’un tatoueur d’exception doit nécessairement posséder. Ce qui signifie que ce tatouage que vous allez nous présenter devra être absolument parfait. Nous n’en attendons pas moins de vous aux portes de la finale. »
Ils étaient prêts. Aussi prêts qu’ils le pouvaient. Ils hochèrent de la tête. Puis Billy Nino reprit.
« Vous vous battez pour le titre de meilleur tatoueur, une prime de cent mille dollars, et un article sur vous dans la plus grande revue de tatouage. Ce soir, l’un d’entre vous sera éliminé. Voyons vos tatouages. »
Sur un grand écran s’afficha le premier. On reconnaissait le président Obama, sans hésiter. Ses peintures indiennes, et sa coiffe de plumes ne lui enlevaient pas ça. Pourtant, les juges ne semblaient pas vraiment l’apprécier.
« Tu as littéralement détruit le nez de notre président. Pourquoi est ce qu’il est en trompette ?
- C’est une ombre.
- Alors, elle est très mal placée. On te l’a déjà dit pourtant, de faire attention à tes ombres.
- Ce qui me chagrine le plus, c’est le choix des couleurs. Elles ne vont pas ensembles, et elles ne vont pas avec le reste de ses tatouages. C’est ce qui fait démarquer ton tatouage de leur œuvre globale. Et pas dans le bon sens. »
Duncan voulut ouvrir son bec, mais finalement, il se ravisa.
« Tes lignes sont impeccables. L’ensemble est très élégant. Si on omet les couleurs. Mais je pense qu’avec le temps, cela s’arrangera. De plus, les couleurs choisies sont adaptées à sa couleur de peau. En ça, tu as fait de l’excellent travail.
- C’est vrai. Elles sont très précises. Pour de l’Old School, comme du tribal, c’est essentiel, et sur ce point là, tu as été un véritable maître.
- Merci. »
Duncan put revenir en arrière, et ce fut au tour d’Eric de s’avancer. La main qu’il avait tatouée s’afficha sur l’écran. Javier siffla. Les autres retinrent leur souffle. Billy sourit.
« Je pense que c’est l’un des tatouages les plus spectaculaire que l’on ait eu dans Ink Master. Les lignes sont sublimes. Je me demande comment tu es arrivé à un tel niveau de précision.
- Pour une zone aussi petite, ce tatouage fourmille de détails.
- Tu as bien su gérer l’espace négatif. Grâce aux zones de peau nue que tu as laissées, le tatouage respire, et durera longtemps.
- Cette main s’accorde à merveille avec l’autre.
- C’est un excellent travail, aussi sur les couleurs. Elles apportent un éclat au tatouage. Vendetta apparaît dans toute sa splendeur. »
Le russe hocha de la tête, avant de laisser sa place à Ikhar. Poutine s’afficha, en terrible bandit des mers. Le drapeau derrière lui semblait bouger, malgré qu’il soit particulièrement malsain.
« Ce n’est pas vraiment une Jolly Roger classique.
- C’est le Jolly Roger de Ned Law.
- Law, comme dans One Piece ?
- Oui mais non ! Oda aime bien s’amuser avec les noms de ses personnages. Il a pris le nom de Traffy sur Ned Law, mais franchement, s’il avait du s’inspirer plus, Law aurait torturé à mort Luffy avant de le jeter aux requins, plutôt que de le sauver. Ned Law était célèbre pour être particulièrement sadique.
- C’est pour ça que vous l’avez choisis?
- Entre autre. »
Ikhar toussota, masquant ainsi un rire, avant que les juges ne reprennent.
« C’est un excellent tatouage, sur tous les points.
- J’aime particulièrement le drapeau, et tous les plis de tissus, tous les ombrages. Tout ce qui rend ton tatouage vivant somme toute.
- Oui, il a un rendu très vivant, on aurait presque peur qu’il nous saute dessus. Les lignes sont parfaites. Les ombrages incroyables. Du grand art. »
Il put à son tour reculer, un sourire satisfait sur le visage, tandis que Josh s’avançait. Sur l’écran, la fresque qu’il avait compléter, ajoutant Jesse Owens. L’athlète semblait prêt à lancer une énorme vague d’énergie sur une masse grouillante au fond. A ses côtés, dans les mêmes lignes Angela Davis.
« Je ne vois absolument pas la différence entre les deux tatouages. Tu t’es surpassé pour compléter cette fresque.
- C’est de loin ton meilleur travail, parmi tout ce que tu nous as présenté jusque là.
- Les couleurs sont incroyables. Le côté comics du genre est très bien respecté. Mais on reconnait sans aucun doute possible Jesse Owens.
- On voit quelques lignes qui ne sont pas encore au point cependant. Comme celles sur les jambes de Jesse.
- Il y a trop peu d’espace négatif sur ton tatouage. J’ai peur qu’il ne vieillisse pas très bien. »
Josh hocha de la tête, et s’en retourna. Puis les quatre hommes attendirent le verdict. D’abord, le meilleur tatoueur. Puis le pire. Ils soufflèrent doucement. Erik avait un petit sourire aux lèvres, murmurant doucement.
« Quel dommage Josh, j’aurais tellement voulu me délecter de ton désespoir à ton élimination, mais il semblerait que je dois me contenter de celui de Duncan. »
Les autres le fixèrent. Duncan, hargneux. Josh, haineux. Ikhar, intéressé. Le russe, lui, se contenta de retourner à sa tête habituelle. C'est-à-dire parfaitement inexpressive, les yeux fixant quelque chose au loin que seul lui pouvait voir.
« Eric et Ikhar, avancez vous. »
Les deux hommes s’avancèrent. Ils se lancèrent un petit regard. Leurs deux tatouages avaient été encensés. Le doute n’avait plané sur personne. Même Duncan et Josh savaient que ce serait soit Erik, soit Ihkar.
« Erik est vraiment un monstre. A ce moment là, après ce qu’il venait de dire, après avoir vu les trois autres tatouages, je savais que je pouvais dire adieu au titre. Je savais aussi qu’Erik allait gagner. Sérieusement. Il a tout réussi. A la perfection. Je n’aurais jamais pensé rencontrer un mec pareil, je crois que même les juges sont complètement estomaqués devant lui. »
« Vous nous avez tous les deux présentés d’incroyables tatouages. Des tatouages frisant la perfection. Il nous est très difficile de vous départager. Cependant, la maîtrise technique d’Erik est celle qui nous a le plus époustouflée, et plus encore vu la zone tatouée.
- Le dos de la main est affreux à tatouer, je n’en ai fait que peu dans mes vingt ans de carrières, mais ce que tu nous as fait est vraiment. Incroyable.
- Erik, tu as été le meilleur tatoueur cette semaine. Cependant, à ce moment de la compétition, tu ne peux plus choisir un tatoueur à mettre sur la sellette. Il n’y a plus de jury des modèles non plus. Duncan, Josh. L’un de vous nous quittera à la fin de nos délibérations. Nous viendrons vous chercher quand notre décision sera prise. »
Les tatoueurs étaient de retour dans leur studio. Duncan, sans un mot, monta, et commença à ranger ses affaires.
« Qu’est ce que tu fous Duncan ? Pourquoi tu prêtes attention à ce que dit ce connard à ce point là ? Sérieusement ! Arrête de l’écouter ! Il s’amuse juste de foutre la merde ! C’est un connard qui s’amuse du désespoir des autres, je sais même pas si on peut le qualifier d’être humain ! »
Un rire leur parvint de derrière. Erik. Il fixa les deux américains.
« Tu n’es pas aussi con que tu le sembles tout compte fait. Bravo Josh. Je vais finir par t’apprécier finalement. »
Il s’en retourna, avant d’ajouter.
« En fait non. Je te supporte vraiment pas. »
Un grand bruit retentit. Le poing de Josh avait fait une rencontre inopportune avec le mur.
« Défait tes affaires Duncan. L’un de nous partira. Celui qui reste devra le battre. On va quand même pas laisser un connard de russe gagner, non ? Alors, arrête de baisser les bras aussi vite.
- Josh. J’ai fait un tatouage nettement moins bon que toi. Cette fois ci, tu m’as battu. Erik n’avait pas besoin de le dire. Il m’a juste certifié que j’avais raison. Et puis, tu as bien plus la rage de vaincre que moi. Il faut que ce soit toi Josh. »
Derrière la porte, Erik avait écouté. Il sourit à la caméra, avant de simuler un vomissement. Décidément, il ne les supportait pas, ces faux culs, ces hypocrites, qui faisaient les beaux avec leur bromance, leurs idéaux, et autres idioties.
« Bien messieurs. Il nous faut donc prendre une décision. Josh. Ou Duncan.
- Le meilleur tatouage aujourd’hui est clairement celui de Josh.
- Oui. Les lignes étaient plus précises, les couleurs impressionnantes.
- Il a eu un tatouage sur lequel il pouvait vraiment s’exprimer. Il a pris son pied à faire ce tatouage.
- Il a énormément progressé. Sur ce tatouage, il a presque égalé Ihkar et Erik. Sur le tatouage de maître, il peut vraiment nous faire quelque chose.
- Cependant, le tatouage de Duncan manque juste un peu de peps, l’écart est minime.
- Lui aussi a fait d’incroyables progrès.
- Il le fallait bien, pour pouvoir rattraper Erik et Ihkar.
- Josh et Duncan ont été au coude à coude toute la compétition.
- Je pense qu’on a fait notre choix.
- Oui.
- Je vais aller les chercher. »
Duncan et Josh entrèrent à nouveau, pour faire face au jury. Puis Erik et Ihkar arrivèrent. Les deux tatoueurs sur la sellette en avant.
« Duncan. Josh. A l’image d’Erik et de d’Ihkar, vous nous avez présenté vos meilleurs tatouages aujourd’hui. Et cela mérite déjà toutes nos félicitations. Aujourd’hui, l’un d’entre vous devra partir. Mais s’il part, ce n’est pas parce qu’il a raté son tatouage. Simplement parce que l’autre a encore mieux réussi.
- Josh, ton tatouage possède d’incroyables couleurs mais il ne faut pas oublier l’espace négatif. Il faut laisser de la peau nue, sinon, celle-ci ne respire pas. Plus tu laisses de l’espace libre, moins tu fais souffrir ton modèle. Sur de grosses pièces, c’est encore plus important.
- Duncan, tes lignes sont superbes, mais la maîtrise imparfaite de tes couleurs et de tes ombrages n’en devient que plus évidente. Je ne te dis évidemment pas de bâcler tes lignes. Mais surtout de prêter plus d’attention aux remplissages.
- Josh, Duncan. Ces deux conseils vous serviront pour vos prochains tatouages. Et pour l’un d’entre vous, il vous servira sur votre tatouage de maître. Il ne faudra pas oublier ce que l’on vient de vous dire.
- Surtout si vous voulez jouer dans la même cour que ces deux monstres derrière vous. »
Javier les fixait, alors qu’il venait de dire cela, puis observa les deux tatoueurs déjà qualifiés. Alors, Billy Nino annonça enfin le verdict.
« Duncan. Tu n’as pas ce qu’il faut pour devenir le meilleur tatoueur. »
L’homme hocha de la tête. Josh lui tapota dans le dos. Puis l’éliminé s’en alla. Il devait finir de rassembler ses affaires, et ranger son salon. Pendant ce temps là, les trois finalistes s’observèrent. Et Billy reprit la parole.
« Erik. Ihkar. Josh. Félicitations. Vous êtes tous trois qualifiés pour la finale. Vous aurez soixante heures pour réaliser un tatouage de mètre sur votre modèle. Dix séances de six heures. La zone que vous devrez tatouer. Sera un dos complet. Faites entrer les modèles. »
Trois femmes s’avancèrent alors. Elles saluèrent les tatoueurs d’un mouvement de la tête, puis laissèrent Billy parler à nouveau.
« Le thème de ce tatouage sera les femmes de légendes. Comme les grandes héroïnes dont elles veulent se faire tatouer l’image, elles ont surpassé les épreuves que la vie leur a imposées. Elles veulent désormais l’inscrire noir sur blanc sur leur peau. Il revient à vous de leur faire honneur. Les modèles vous ont déjà été attribuées, selon la localisation de votre salon. Messieurs. Vous pouvez faire connaissance avec vos modèles, vous avez une heure. Puis il vous faudra quitter le studio, et rejoindre votre véritable salon. Nous vous souhaitons bonne chance. »